

« Ce sont nos laptops qui font le taf, pas la moquette de La Défense. » Quand la SG tourne le dos au télétravail

Et si votre entreprise décidait du jour au lendemain de vous forcer à revenir au bureau, balayant d’un revers d’e-mail trois années d’habitudes hybrides ? C’est exactement ce que vivent aujourd’hui les salariés de la Société Générale. Et la grogne est particulièrement forte dans les équipes tech. Un cas d’école révélateur d’un malaise plus large dans la transformation numérique des grands groupes.
Fin du télétravail : une annonce qui tombe comme un couperet
Le 19 juin 2025, les collaborateurs de la Société Générale reçoivent un message sans détour : le télétravail est désormais limité à un seul jour par semaine maximum. Pire, certains services n’y auront bientôt plus droit du tout.
Pour justifier ce virage, la direction invoque :
- le besoin de renforcer la cohésion d’équipe,
- une meilleure transmission des savoirs,
- et l’envie de recréer une dynamique collective sur site.
Mais pour beaucoup, cette décision ressemble surtout à un retour en arrière.
Pourquoi les équipes tech sont particulièrement touchées
Dans les services IT, data, cybersécurité ou encore développement logiciel, la réaction ne s’est pas fait attendre. Et pour cause, ce sont ces profils tech qui avaient le plus adopté – et souvent optimisé – le mode hybride.
« Ce sont nos laptops qui font le taf, pas la moquette de La Défense. » – développeur backend, SG (anonyme)
Les griefs sont nombreux :
1. Moins de productivité, pas plus
Les missions tech sont, par nature, largement compatibles avec le travail à distance. Les interruptions au bureau, les réunions non ciblées, le bruit ambiant... Autant de facteurs qui nuisent à la concentration, surtout en open space. Le télétravail permettait de retrouver ce "deep focus" que recherchent les devs.
2. Une décision unilatérale vécue comme une trahison
En 2021, un accord collectif avait été signé avec les syndicats, garantissant deux jours de télétravail par semaine. La nouvelle directive est vécue comme un passage en force, sans dialogue. Résultat : démotivation, perte de confiance, et même volonté de quitter le navire pour beaucoup.
3. Le paradoxe de l'intégration
L’un des arguments de la direction est de mieux intégrer les nouveaux arrivants. Pourtant, les équipes tech rappellent que les outils collaboratifs actuels (Slack, GitLab, Notion, Teams…) permettent une onboarding fluide, souvent plus structuré à distance qu’en physique.
Des conséquences qui vont bien au-delà de la SG
Même si cette décision ne concerne « que » la Société Générale, elle résonne fortement dans tout l’écosystème tech.
Dans un marché déjà tendu, où les profils qualifiés sont chassés par toutes les entreprises du numérique, supprimer la flexibilité devient un facteur repoussoir. Et ce n’est pas qu’un caprice de développeur : c’est une question de performance, de fidélisation et de bon sens managérial.
📊 Selon plusieurs études, plus de 70 % des ingénieurs souhaitent conserver au moins deux jours de télétravail hebdomadaire. Le retour au "tout bureau" est vécu comme une régression.
Un cas d’école pour d'autres grandes entreprises ?
Le cas Société Générale pourrait bien faire tache d’huile. D'autres grands groupes envisagent des mesures similaires, sous couvert de « retour à la normale ».
Mais le message est clair : ce qui fonctionnait en 2019 ne fonctionne plus en 2025. Les attentes ont changé. Les outils ont évolué. Les talents aussi.
Conclusion : Le choc du réel pour les directions RH
La décision de la Société Générale de restreindre drastiquement le télétravail envoie un signal fort – mais peut-être aussi un très mauvais signal. Si les départs s’enchaînent, si l’attractivité chute, ce ne sera pas un problème RH : ce sera un problème stratégique.
Pour les profils tech, ce genre de revirement est un alerte rouge. Et pour les entreprises qui hésitent encore : le retour forcé au bureau peut coûter bien plus cher qu’un abonnement Zoom.
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