

Quand l’Esprit rencontre l’IA

Le 12 mai 2025, devant plus de 3 000 journalistes réunis en salle Paul VI, Léon XIV a fait de l’intelligence artificielle non plus un simple sujet de réflexion, mais la colonne vertébrale de son pontificat naissant. D’emblée, il a affirmé que l’IA « requiert responsabilité et discernement » pour rester au service du bien commun, soulignant ainsi l’urgence d’un dialogue entre l’Église, les États et les acteurs technologiques. En choisissant son nom en hommage à Léon XIII, le pape du XIXᵉ siècle face à la première révolution industrielle, Léon XIV veut inscrire son règne dans la continuité de la doctrine sociale, adaptée à l’« ère numérique ».
Héritage social et continuité historique
Léon XIII et la doctrine sociale
En 1891, l’encyclique Rerum Novarum jetait les bases de la doctrine sociale catholique, dénonçant les excès du capitalisme et défendant la dignité des ouvriers. Face aux mutations technologiques, Léon XIV entend renouveler ce positionnement en reconnaissant que l’IA constitue, elle aussi, une « révolution industrielle », porteuse de promesses et de risques pour le monde du travail et la justice sociale.
Nom et symbole
Selon Matteo Bruni, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, ce choix de nom rappelle « la vie et le travail des hommes et des femmes, même à l’âge de l’intelligence artificielle ». Par cet acte symbolique, Léon XIV a voulu marteler que la préservation de la dignité humaine reste le critère suprême dans l’usage des technologies émergentes.
Enjeux métaphysiques et éthiques
L’IA comme question métaphysique
L’apparition des algorithmes soulève des interrogations millénaires sur la nature de l’intelligence : peut-on réduire la pensée à un calcul ? Pour l’Église, l’intelligence est un don divin qui transcende la simple efficience technique.
Vers un cadre éthique
Reprenant l’alerte de François contre la « pollution cognitive » et les « fake news », Léon XIV a appelé à l’élaboration de règles éthiques mondiales garantissant transparence et responsabilité des systèmes d’IA . Le père Paolo Benanti, conseiller pontifical sur l’IA, insiste : « L’IA ne doit pas être diabolisée, mais domestiquée » .
Un pontificat numérique
Outils et initiatives
Le Vatican multiplie les prises de position : de la note « Antiqua et Nova » à l’appel au Rome Call for AI Ethics, l’Église se positionne comme acteur de référence en matière d’éthique technologique .
Vers une encyclique de l’IA
Selon plusieurs observateurs, la première encyclique de Léon XIV pourrait être consacrée à l’IA, envisageant de poser des principes clairs pour orienter la recherche et l’innovation au service du bien commun.
En plaçant l’intelligence artificielle au cœur de son pontificat, Léon XIV ouvre un nouveau chapitre de l’histoire de l’Église : non plus seulement face aux révolutions industrielles ou sociales, mais face à la révolution numérique et cognitive. Sa volonté est claire : faire de l’IA non une idole, mais un instrument de fraternité, de justice et de dignité humaine.
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