

On me paie pour pirater des boîtes : Je suis Pentester, et voici mon quotidien.

Mon titre officiel ? Pentester, ou Consultant en Sécurité Offensive. Mais entre nous, j’aime bien la version simple : hacker éthique. Oui, mon métier consiste à essayer de pénétrer par effraction dans les systèmes informatiques des plus grandes entreprises. Et non seulement c'est légal, mais elles me paient grassement pour le faire. Laissez-moi vous raconter pourquoi mon travail est sans doute l'un des plus fascinants de la tech aujourd'hui.
Une journée type ? Ça n'existe pas vraiment.
Si vous imaginez que je passe mes journées dans le noir, une capuche sur la tête, à taper frénétiquement sur un clavier, vous n'avez qu'à moitié raison (pour la partie "taper frénétiquement"). En réalité, chaque journée est le début d'une nouvelle enquête.
Ma matinée commence souvent, non pas avec un café, mais avec une cible. Une banque, une plateforme e-commerce, un réseau d'objets connectés... L'équipe et moi, nous nous réunissons pour la phase de reconnaissance. On devient des espions. On épluche tout ce qui est public : les noms des employés sur LinkedIn, les technologies mentionnées dans les offres d'emploi, les adresses IP cachées dans le code source du site. On cherche la plus petite porte entrouverte.
Puis vient la chasse. On scanne, on cherche, on teste. C'est un mélange de patience et de fulgurance. Des heures à chercher une faille, et soudain, une idée. Et si j'essayais de manipuler cette requête ? Et si ce vieux serveur que tout le monde a oublié était encore en ligne ? Le cœur s'accélère un peu quand on sent qu'on tient une piste. C'est un puzzle géant, et le frisson vient de la résolution de l'énigme.
Le moment magique, c'est l'exploitation. Quand, après des heures ou des jours de travail, on arrive enfin à obtenir un accès. On ne va jamais plus loin que ce que le contrat nous autorise, mais ce sentiment... C'est la preuve que notre hypothèse était la bonne. On vient de trouver une brèche qu'un véritable attaquant aurait pu utiliser pour faire des dégâts considérables.
Plus qu'un job, une mentalité
Pour faire ce métier, la technique ne suffit pas. Il faut ce qu'on appelle le "hacker mindset". C'est avant tout une curiosité maladive. Je passe une bonne partie de mon temps libre à lire des blogs, à tester de nouveaux outils, à participer à des plateformes comme Hack The Box pour m'entraîner. Un de mes collègues plus âgés me l'a dit à mes débuts, et c'est resté gravé : « Dans ce métier, à la seconde où tu penses tout savoir, tu es déjà obsolète. »
Et puis, il y a la créativité. Mon travail, c'est de regarder un système et de me demander : "Comment puis-je le détourner de son usage prévu ?" C'est une pensée non conventionnelle, une façon de tordre la logique qui est incroyablement stimulante.
Mais le plus important, c'est l'éthique. J'ai un pouvoir considérable entre les mains. La confiance que mes clients me témoignent est sacrée. La satisfaction de leur présenter mon rapport en leur disant : « J'ai trouvé ça, voilà comment vous pouvez le corriger et devenir plus forts », ça n'a pas de prix. C'est là toute la différence entre un pompier et un pyromane.
Parlons concret : les compétences et le salaire
Mon parcours n'a rien de linéaire. Après une école d'ingénieur, je me suis vite passionné pour la sécurité. J'ai passé des nuits blanches à préparer des certifications, notamment la fameuse OSCP (Offensive Security Certified Professional). C'est un examen brutal de 24 heures où l'on ne vous demande pas ce que vous savez, mais où l'on vous met face à un réseau et on vous dit : "Vas-y, pirate-le". L'obtenir a été une vraie porte d'entrée.
Maintenant, la question que tout le monde se pose : est-ce que ça paie bien ? La réponse est oui. La demande est énorme et les profils compétents sont rares. Pour vous donner une idée, à Paris, un Pentester avec quelques années d'expérience comme moi peut s'attendre à un salaire annuel brut situé entre 65 000 € et 85 000 €. Pour les seniors ou les freelances qui ont une expertise de niche, ça peut monter bien plus haut.
Mais l'argent n'est qu'une partie de l'équation. Le vrai salaire, c'est de ne jamais s'ennuyer. C'est de se sentir utile, d'être le gardien invisible qui renforce les remparts du monde numérique.
Alors oui, je suis un hacker. Mais chaque matin, je me lève pour aider, pour protéger. Et dans un monde aussi connecté et vulnérable que le nôtre, je ne pourrais pas imaginer un métier plus gratifiant.
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